samedi 11 juin 2011

GUINEE CONAKRY-SOCIETE

Bissikrima donne le ton

moment solennel de la déclaration

Sous un soleil de plomb, digne d’un été tropical, des personnes fusent de tous les coins pour rallier la place publique de Bissikrima. Drapés d’habits traditionnels parfois modernes, filles, garçons, adultes se précipitent. Le son de la musique malinké qui s’échappe des baffles se mélange à quelques chants de troupes culturelles et communautaires venues des différents villages. Un grand cercle est formé par les spectateurs sous des tentes servant d’abri. Au milieu les prestataires rivalisent de dextérité à travers la souplesse de leurs mouvements individuels. Ce décor ambiant précède l’ouverture de la cérémonie historique d’abandon de l’excision et des mariages précoces et forcés. C’est le préfet de Dabola, Monsieur Ibrahima Sy SAVANE qui, accompagné d’une forte délégation de représentants du ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique ainsi que du ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de l’Enfance, a ouvert la cérémonie. «Cette cérémonie démontre la volonté politique de notre gouvernement de défendre et de promouvoir les droits humains en général et les droits des femmes et des filles en particulier». C’est avec cet engagement fort des gouvernants à côtés des communautés et des organisations non gouvernementales que le Préfet a parlé à l’assistance. Aussi n’a-t-il pas manqué de rehausser le travail accompli à travers le projet ESPOIR par le consortium Pathfinder International, PSI et Tostan, en soutenant que «l’abandon de l’excision par la promotion des droits humains est une contribution immense dans la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement en Guinée».
discours de l'Imam El hadji Mamadou BARRY
Dans la continuité, des séries de discours et allocutions ont ponctué l’évènement. Le témoignage de l’imam El Hadji Mamadou BARRY a été un des moments forts de la déclaration. L’imam a fait un argumentaire en convoquant l’ensemble des textes et lois religieux sur la question de l’excision. A la fin de son discours, des voix se sont élevées pour dire que la question de l’argument défendant la pratique de l’excision ne tient plus à cause de tout l’éclaircissement de l’imam. Dans la foulée, la troupe de Bissikrima a présenté un sketch sur les méfaits de l’excision. L’exciseuse habillé en rouge, à la fin du sketch a mis un habit tout blanc. Ce, pour symboliser la nouvelle vie, la renaissance et l’aube de santé maternelle et infantile ainsi que de respect des droits humains qui s’élevait sur Bissikrima. Une aube qu’ils souhaitent voir dans toute la Guinée et dans l’Afrique entière, comme on pouvait le lire sur une pancarte où il est écrit «A bas l’excision en Afrique».
Message fort pour les parents et acteurs
Le moment solennel de la déclaration a été la lecture du texte en Malinké puis en Français. Ainsi, les 197 communautés regroupées à Bissikrima ont dit avoir pris «solennellement la décision, en toute connaissance de cause, de renoncer définitivement à l’excision, et aux autres pratiques traditionnelles néfastes à la santé de la mère et de l’enfant, afin de garantir et de faire valoir les droits de nos filles à la santé, à la préservation de leur intégrité physique et de leur dignité humaine». A sa suite, le Directeur du Projet Espoir Monsieur Issa SIDIBE de Pathfinder International a tenu à rappeler que la déclaration résulte d’un long processus et que «les modules, qui ont été mis en œuvre à travers le modèle de diffusion organisée de Tostan,  sont une approche innovatrice dans le sens qu’elle responsabilise la communauté entière y compris les leaders religieux, les chefs coutumiers et les exciseuses sur les questions des droits humains (intégrité physique, santé et éducation).
discours représentante ministère des affaires sociales
Pour finir, le Docteur Awa TOURE, Directrice nationale adjointe de la Santé Publique, représentante du ministère des Affaires Sociales, de la Promotion Féminine et de la Petite Enfance s’est adressée à l’assistance en ces termes «cette cérémonie d’abandon de l’excision est un geste symbolique d’une très grande importance que vous, représentants des 197 communautés venez de poser. A partir de cet instant, vous êtes parmi les grands pionniers de l’abandon de l’excision et sans nul doute votre exemple sera bientôt suivi par d’autres communautés. Compte tenu de l’importance du serment dans nos sociétés, je demeure convaincue que celui-ci sera tenu».

Envoyé spécial
Malick GUEYE
 
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