mercredi 19 décembre 2012

La Casamance célébre la fin de 16 jours d'activisme contre les violences faites aux femmes

Pas de développement sans la paix ! » - Chef du village de Diégoune
15 villages ayant participé au programme de Tostan ont organisé dimanche à Diégoune (région de Ziguinchor, Sénégal) une journée de sensibilisation sur les violences faites aux femmes. Cet événement, qui s’inscrit dans le cadre du projet « Paix et Sécurité » piloté par Tostan, vient clore la campagne débutée le 25 novembre dernier contre les violences faites aux femmes.



L’événement, dont le thème était « Les violences faites aux femmes demeurent une entrave à la paix », visait à sensibiliser les autorités, les médias et les communautés de la région sur les conséquences néfastes des violences basées sur le genre. Diégoune et les villages voisins ont partagé la manière dont ils se sont approprié la protection des droits humains et ce qu’ils ont appris grâce au programme de Tostan en matière de gestion des conflits, sur la réduction des violences envers les femmes et les personnes en situation de vulnérabilité.

Les participants du programme de Tostan discutent et réfléchissent sur le droit à la santé et à être protégé contre toute forme de violence, y compris des violences basées sur le genre. Le programme met l’accent sur la prévention des violences en améliorant la communication, en renforçant les compétences des participants en matière de résolution des problèmes et en promouvant une résolution pacifique des conflits familiaux et communautaires.
L’éducation aux droits humains a permis à de nombreuses communautés de mettre à jour des violences domestiques auprès de leurs autorités, de mener des actions de sensibilisation sur la question et de prendre des décisions pour mettre fin aux pratiques violant les droits humains, telles que l’excision et les mariages précoces et forcés.
La journée a démarré par une marche vers le lieu de rassemblement, durant laquelle les participants ont célébré l’importance de l’abandon des violences envers les femmes par des chansons, des poèmes et des danses. Le chef du village de Diégoune a ouvert la cérémonie et a rappelé qu’il n’y aurait pas de développement sans paix. L’Imam a également souhaité la bienvenue à l’assemblée et a fait référence aux impacts et aux résultats du programme de Tostan à Diégoune, avant de prier pour le succès de cette journée.
Allocution, sketchs et animations folkloriques ont rythmé la journée, à laquelle le chef régional du développement communautaire représentant le gouverneur de la région, le représentant du sous-préfet de Tendouck et la Plateforme des femmes pour la Paix en Casamance ont notamment assisté.

mardi 18 décembre 2012

Célébrons la Journée Mondiale des Droits de l'Homme avec les Communautés du Sénégal et de la Guinée-Bissau

Nous célébrons aujourd’hui la Journée Mondiale des Droits de l’Homme ! Fêtée partout à travers le monde depuis 1950, cette journée permet de commémorer l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par l’Assemblée Générale des Nations Unies le 10 décembre 1948.

Le Programme de Renforcement des Capacités Communautaires de Tostan débute par des séances participatives de discussion sur la démocratie, les droits humains et la résolution des problèmes. Ces thèmes, qui constituent le socle du programme, sont ensuite mis en perspective lors des modules consacrés à l’hygiène, à la santé, à l’alphabétisation, au calcul et à la gestion de projets. En débutant le programme par les droits humains, les participants sont capables d’identifier les pratiques qui respectent ces droits et qu’ils souhaitent renforcer et celles qui les violent, et qu’ils souhaitent abandonner.
Les droits humains fournissent aux communautés un cadre pour évaluer leurs besoins et élaborer des plans d’action incluant les priorités de chacun. Lorsque les droits humains sont utilisés comme socle pour le développement, les initiatives prennent mieux en compte les besoins de tous les groupes : femmes, hommes, enfants, personnes handicapés, différents groupes ethniques etc.
La Journée Mondiale des Droits de l’Homme marque également le point d’orgue de 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes. Hier, le village de Diégoune, au Sénégal, a accueilli 15 communautés de la région de Ziguinchor pour un événement de sensibilisation dont le thème central était : « Les violences faites aux femmes demeurent une entrave à la paix ». Les communautés, dont l’action s’inscrivait dans le cadre du projet « Paix et sécurité en Afrique de l’Ouest » de Tostan, ont démontré grâce à des sketchs, discours, chansons et danses comment l’abandon de toute forme de violence peut mener à la paix dans les foyers, dans les communautés et au-delà.
Le 10 décembre 2012 marque aussi la première Déclaration Publique pour la promotion et le respect de tous les droits humains. 75 communautés sont rassemblées à Cambadju, en Guinée-Bissau, pour cet événement historique. Deux autres déclarations du même type suivront dans le pays aux mois de décembre et de janvier, portant à 144 le nombre de villages déclarants.
Depuis 2008, Tostan met en œuvre son programme d’éducation dans trois régions de Guinée-Bissau, en partenariat avec l’UNICEF, le FNUAP et trois ONG locales. C’est la première fois que des participants au programme de Tostan prennent la décision collective de célébrer l’ensemble des droits humains et des responsabilités qui en découlent, en plus de l’abandon des pratiques telles que l’excision et le mariage précoce/forcé.

lundi 10 décembre 2012

Lumière sur les filles: La Loi de Mariétou


Nous célébrons aujourd’hui pour la première fois de l’histoire la Journée Internationale des filles. Nous clôturons notre série de portraits sur les filles par Mariétou, originaire de Thiès, au Sénégal.

Un récit de Penda Mbaye, gestionnaire de programmes à Tostan Dakar.
En 2002, j’étais facilitatrice du programme de Tostan dans le quartier de Hersent, à Thiès, une ville à 70 kilomètres à l’est de Dakar. J’ai remarqué Mariétou, une jeune fille âgée de 15 ans, qui a contribué à changer positivement la perception de la violence domestique dans sa communauté.
Le père de Mariétou est mort quand elle avait quatre ans, l’obligeant à vivre avec son beau-père. Toutes les nuits, celui-ci abusait de sa mère. Mariétou se sentait impuissante. Profondément affectée, elle n’a jamais pu intervenir, ne pouvant que pleurer la douleur de sa mère.
Plusieurs années après, Mariétou est devenue l’une des participantes au programme de Tostan à Hersent. Elle a discuté et elle a appris l’importance du respect et de la protection des droits humains. Sa décision était prise, elle devait faire quelque chose pour sa mère, sa souffrance avait trop duré. Mariétou décida de parler au chef de quartier mais fut déçue par sa réaction. Pour lui, les enfants ne devraient pas se mêler des affaires de leurs parents.
Mariétou ne se découragea pour autant et a décida d’attirer l’attention des membres de sa communauté sur la violence domestique. Elle su tout de suite qu’elle était sur le point de faire quelque chose d’inédit et d’extraordinaire.
Forte de ses connaissances sur les droits humains, Mariétou s’adressa à la mosquée du quartier afin d’aborder la question de la violence domestique avec l’imam et d’autres personnes importantes de sa communauté. Quand la prière de la mi-journée fut terminée et que chacun s’apprêtait à quitter la mosquée, Mariétou demanda : « Est-ce que je peux avoir votre attention un instant ? ».
Tous les regards se tournèrent vers elle. On pouvait y lire la surprise qu’une jeune fille comme elle s’adresse aux fidèles dans la mosquée. Chacun attendit, curieux de savoir ce que Mariétou avait à dire. Elle demanda à l’imam : « Savez-vous que des fidèles de cette mosquée abusent de leur femme tout les jours ? J’aimerais savoir : est-ce que l’Islam autorise les maris à abuser de leur épouse comme certaines personnes que je connais ? Savez-vous que chaque être humain a le droit d’être protégé contre la violence domestique ? S’il-vous-plaît, cher imam, faites quelque chose pour arrêter la violence domestique dans le quartier. Si vous ne faites rien et que mon beau-père continue à frapper ma mère, j’appellerai la police pour le dénoncer, lui et tous les autres hommes qui font la même chose. Je les connais ».
L’assistance éclata de rire, avant de se tourner vers le beau-père. L’imam autorisa les fidèles à quitter la mosquée, à l’exception de Mariétou et de son beau-père. Avec sévérité, il rappela que l’Islam condamne la violence domestique. Peu après, le beau-père de Mariétou se mit à pleurer, jurant qu’il ne lèverait plus jamais la main sur sa femme.
Les deux vendredis suivants, l’imam consacra ses prêches à la violence domestique et expliqua en quoi l’Islam ne la tolérait pas. Les membres de la communauté commençaient à s’engager : ils organisèrent un forum sur la violence domestique. A ce moment-là, tous les membres importants du quartier décidèrent de se joindre au mouvement d’abandon de la violence domestique. Ils prirent ensemble la décision de dénoncer ceux dans le quartier qui ne se conformeraient pas à la nouvelle norme : l’abandon de la violence domestique.
Pour renforcer cette décision, une loi fut mise en place : la « loi de Mariétou ». Mariétou fut également élue coordinatrice du nouveau comité de vigilance sur la protection des femmes et des filles contre la violence domestique. Mariétou a partagé avec moi son histoire et sa joie d’avoir été à l’origine de l’implication de l’imam et de toute sa communauté pour arrêter la violence contre les femmes et les filles. Forte des connaissances qu’elles avaient acquises dans le cadre du programme de Tostan et grâce à sa détermination et son courage, Mariétou est devenue un vrai défenseur des droits humains. Aujourd’hui, elle n’a plus à s’inquiéter pour sa mère ou d’autres femmes victimes d’abus dans sa communauté.
Célébrez vous aussi la Journée internationale des filles en partageant l’incroyable histoire de Mariétou avec votre entourage !

mercredi 5 décembre 2012

Lumière sur les filles: Hamda et les jeunes défenseurs des droits humains au Somaliland

Le 11 octobre - Journée Internationale des filles - approche. Lumière sur Hamda. Avec d’autres filles de la région Maroodi Jeex du Somaliland, Hamda a joué un rôle crucial cette année dans la promotion des droits humains auprès de sa communauté.
Un récit de Birima Fall, coordinateur national de Tostan en Somalie


Hamda lit la Déclaration qui engage 28 communautés du Somiland à ne plus laisser pratiquer l'excision et les mariages précoces/forcés

Le 7 juillet 2012, une jeune fille nommée Hamda annonce la décision de 28 communautés du Somaliland de renoncer à toute forme d’excision et au mariage précoce/forcé. La communauté d’Hamda est parvenue à cette décision après avoir participé au programme d’éducation de Tostan, basé sur l’apprentissage des droits humains.
Sur le chemin qui a mené à ce jour mémorable, le dynamisme et la participation des filles dans le programme de Tostan ont particulièrement attiré l’attention des équipes du projet.
Hamda est jeune, et pourtant elle a eu le courage de défendre les droits humains tout en prenant conscience de l’importance de l’éducation. Avec d’autres filles de son âge, Hamda a participé aux sessions de discussion sur les droits humains. Elles ont réalisé que leurs parents avaient la responsabilité de protéger leurs droits, comme celui d’être protégées contre toute forme de violence. Elles ont aussi appris qu’elles avaient le devoir de participer au développement de leur famille et de leur communauté.
Au fil des mois, Hamda et les autres filles ont appris comment encourager des changements sociaux positifs dans leur famille et leur communauté; elles ont joué un grand rôle dans les activités communautaires, telles que les nettoyages réguliers du village, les événements de sensibilisation sur l’excision, les mariages précoces et forcés, les violences envers les femmes, la santé et la protection de l’environnement.
Les filles ont également diffusé ce qu’elles ont appris en formant une troupe de théâtre qui a utilisé les chansons et les poèmes locaux pour plaider en faveur de changements positifs. Si les filles ont pris les devants dans la troupe de théâtre, les garçons ont eux aussi participé à l’éveil des consciences sur les droits humains.
Hamda, avec 28 autres communautés, s’est engagée à rallier des centaines d’autres villages au mouvement de changements sociaux né dans le Somaliland. Ensemble, ils remplissent leur rôle de défenseurs des droits humains.
 
A votre tour de soutenir les filles! Partagez l’histoire d’Hamda dans votre entourage et faites connaître d’autres filles au futur prometteur !

Lumière sur les filles: Aissata Ba

L’expérience nous a montré que lorsque les communautés s’autonomisent grâce aux droits humains, leurs capacités à soutenir les filles se développent. Cette année, nous célébrons pour la première fois la Journée Internationale des filles, qui aura lieu le 11 octobre. Nous lançons à cette occasion une série de portraits « Lumière sur les filles » pour partager l’histoire de cinq filles inspirantes. La première d’entre elle a six ans et vit à Kolma Peulh, dans le centre-ouest du Sénégal.
Anna Vanderkooy, volontaire à Tostan Sénégal, nous raconte sa rencontre avec Aïssata. 
Aissata Ba
Je me suis rendue il y a quelques semaines dans le village de KolmaPeulh, situé dans la région de Kaolack. Le village reçoit depuis 2008 le programme de Tostan et je dois rencontrer le facilitateur du programme et des membres de la communauté.
Au cours de ma visite, les habitants ont eu à cœur de me montrer quelle influence le programme a eu sur Kolma Peulh : plus grande participation des femmes et des adolescents dans la prise de décision, plus grande priorité donnée à la santé des enfants et création d’une armoire à pharmacie dans le poste de santé, abandon des mariages précoces et forcés, engagement accru en faveur de la scolarisation des filles et des garçons. Jusque tard dans la nuit, j’ai pris des notes à la lumière des bougies sur les histoires et les chansons que des femmes et des hommes de tous âges étaient venus partager avec moi.
L’un des points d’orgue de mon séjour a été ma rencontre avec Aïssata Ba, âgée de 6 ans. Quand je lui ai demandé si elle acceptait de me parler d’elle et de sa vie à Kolma Peulh, elle a souri, a hoché modestement la tête et notre conversation a commencé.
Anna : beaucoup de gens au Sénégal et partout dans le monde s’intéressent à ce qui se passe à Kolma Peulh. Est-ce que tu peux te présenter ?
Aïssata : je m’appelle Aïssata Ba, j’habite à Kolma Peulh. J’ai six ans et ma mère est Aminata Ba, tu as parlé avec elle hier.
Anna : ah je vois ! Je crois qu’elle a dit que tu irais à l’école l’année prochaine pour la première fois. Est-ce que tu as hâte ?
Aïssata : je suis inscrite pour commencer bientôt et je suis impatiente ! Ma mère et ses amies ont appris à lire [en langue pulaar pendant les classes Tostan], elles m’ont déjà montré comment lire les livres d’images de Tostan. Mon préféré est celui qui parle d’une antilope qui travaille très dur pour préparer le dîner. Mais maintenant je les ai tous lus et les autres enfants disent qu’il y a plein d’autres choses à lire à l’école. On aura beaucoup de choses à apprendre mais j’ai déjà un peu d’avance.
Anna : est-ce qu’il y a un sujet sur lequel tu as particulièrement envie d’apprendre ?
Aïssata : je ne sais pas ajouter les nombres et écrire les mots. En fait, j’aimerais rester à l’école aussi longtemps que possible pour tout apprendre. Quand je serai grande, je veux être professeur ou peut-être infirmière. Donc je dois voir toutes les matières à l’école.
Anna : est-ce que tu as remarqué si des choses ont changé ces derniers temps pour les filles qui vivent à Kolma Peulh?
Aissata lit un livre pour enfant
conçu par Tostan
Aïssata : maintenant, plus de filles vont à l’école et mon village a décidé que les filles pourront rester à l’école aussi longtemps qu’elles le veulent. Mes parents m’ont dit la même chose et je les écoute toujours. Ils disent qu’ils vont s’assurer que je ne sois pas mariée [avant de finir l’école]. Je veux rester à l’école longtemps, parce que tu as besoin de savoir beaucoup de choses avant de devenir professeur. J’aimerais être comme ma mère : maintenant c’est elle qui prend beaucoup de décisions à Kolma Peulh. Aujourd’hui dans mon village, les gens disent que les filles peuvent faire autant de choses que les garçons, donc je voudrais leurs montrer que je peux faire beaucoup et que je peux être une très bonne élève.
Anna : je suis sûre que tu seras très bonne à l’école. Est-ce que tu veux parler de quelque chose d’autre ? Est-ce que tu as une question pour moi ?
Aïssata : j’ai bien aimé les questions que tu m’as posées. J’aimerais savoir ce que tu voulais faire plus tard quand tu étais enfant. Je crois que tu devrais être écrivain parce que tu as noté plein de choses très vite. Tu pourrais écrire d’autres livres pour les enfants comme moi qui vont à l’école et je pourrais les lire.
Anna : j’aime beaucoup ton idée !
La conversation a été menée en langue pulaar et traduite en français pour Anna.
 
Blog personnalisé par Salim Dramé