Confinée à la lutte contre l’excision : L'Ong Tostan veut sortir de ce prisme déformant
L'Organisation non gouvernementale (Ong) Tostan, créée depuis 1991, continue d'être perçue comme une organisation de lutte contre l'excision et les mariages précoces. Une perception populaire qui occulte les efforts de cette structure humanitaire pour améliorer le quotidien des communautés de base. A l'exemple de ces projets dans la région de Kaolack.
KAOLACK - Un programme d'alphabétisation dans des villages reculés du Rip, un appui à la case de santé de Tchichet Keur Sanou dans la communauté rurale de Latmingué, une caisse d’épargne et de crédit à Gapakh dans la communauté rurale de Paos-Koto, telle est la large palette d’activités de l'Ong Tostan dans le Saloum, où n’apparaît nulle part la lutte contre « la pratique », un doux euphémisme pour évoquer l'excision des jeunes filles. « Ce volet de notre action [la lutte contre l'excision et les mariages précoces] participe de la vision de notre organisation de communautés renforcées par l'éducation et le respect de la dignité humaine pour tous, mais à côté, nous développons d'autres actions pour les sortir par elles-mêmes de la pauvreté », précise Abdou Aziz Sy, le coordonnateur régional de Tostan à Kaolack, en marge d'une visite de terrain des projets menés dans les départements de Kaolack et de Nioro.
Illustration de cette concertation avec les bénéficiaires, l'ambulance-charrette de la Case de santé de Thieckett Keur Sanou. « Nous étions confrontés à des difficultés pour évacuer les femmes enceintes en travail à Latmingué ou à Kaolack, nous avions imaginé un système de transport par charrette, et Tostan a bien voulu le financier », témoigne Alassane Diaw, le président du comité de gestion. Quelques kilomètres plus loin, dans la communauté rurale de Paos-Koto, c'est le système Epargnons pour le changement (Epc) qui fait recette. « Sur la base d'une épargne hebdomadaire de 100 à 250 francs, un groupe de 25 femmes distribue des crédits mensuels de 15 000 F à ses membres sans financement extérieur », explique Moussa ‘Thiory’ Sy, le superviseur de ce crédit tournant, importé du Mali. Aujourd'hui, ce n’est pas moins de quatre caisses qui font le bonheur des femmes de la localité qui cultivent, chacune, un champ, une première au Saloum.
Ailleurs comme dans les vallées fertiles du Sutokoy, une alphabétisation fonctionnelle permet aux femmes riveraines du Baobalon de gérer rationnellement les revenus tirés des cultures de contre-saison. La cellule régionale de l'Ong de Kaolack qui prépare une déclaration d'abandon de l'excision et des mariages précoces dans l'arrondissement de Wack Ngouna, veut convaincre avec cette visite de presse, qu'elle a d'autres cordes à son arc au service du développement des communautés de base.
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