Les communautés de Podor s’engagent
Le 3 octobre est une date charnière dans l’histoire des communautés de Podor dans le Fouta. En effet, elles ont tenu une déclaration d’abandon de l’excision et des mariages forcés. Cette déclaration s’est tenue dans un contexte particulier. En effet, l’excision, considérée dans les communautés du Fouta comme une norme sociale, subit fortement le poids de la tradition et de la pression communautaire. La pratique de l’excision constitue cependant, une violation des droits humains et un non-respect de la loi 299bis du code pénal du Sénégal qui interdit les mutilations génitales féminines. Malgré cela, les marabouts véritables leaders d’opinion se sont levés à l’approche de l’organisation de cette déclaration pour tenir des réunions et des activités de sensibilisation pour se désolidariser de cette décision et pour inciter les communautés en à faire autant. L’argument religieux étant souvent brandi pour expliquer cet attachement à une pratique qui existe depuis des millénaires, n’était pas suffisant pour dissuader les communautés. Par conséquent, les populations se sont interrogées sur la pertinence de cette coutume justifiée par des arguments religieux battus en brèche.
Grâce au plan d’action national basée sur l’approche droits humains de Tostan soutenu par les ONG au Sénégal, ce mouvement d’abandon se traduit par le développement de déclarations publiques d‘abandon de l’excision et des mariages précoces initiées par les communautés. C’est dans cet esprit que les 66 villages du département de Podor ont décidé de mettre fin à cette pratique. Il convient donc de rappeler qu’au départ 56 villages s’étaient engagés pour la déclaration. Malgré les actions des leaders religieux, 10 autres communautés sont venues se rajouter sur la liste des déclarants afin de renoncer publiquement à ce rite séculaire.
Promouvoir l’abandon de l’excision ne signifie pas combattre l’islam ou vouloir introduire des normes sociales, contraire aux bonnes mœurs qui elles sont universelles. On peut être une bonne musulmane, sans pour autant détruire cette merveille qu’est le corps féminin.
Si chaque homme a dans son cœur une femme que ce soit sa mère, sa fille, son épouse, sa sœur, sa grand -mère etc., alors on peut espérer que les leaders religieux, soucieux du bien-être des fillettes et des femmes dont ils ont la charge se feront un point d’honneur à réfléchir sur la citation du Sage de Bandiagara, Amadou Hampâté Bâ qui affirmait qu’«il y a des pratiques, que nos ancêtres eux-mêmes s’ils revenaient à la vie trouveraient caduques et dépassées».
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