Première cérémonie d’abandon publique d’excision en Mauritanie
M’BAGNE, Mauritanie, 25 Mai 2010—Pour la première fois dans la République Islamique de la Mauritanie, 78 communautés de la région de Brakna ont organisé une cérémonie d’abandon de l’excision et de mariage précoces et forcés.
Des représentants de 78 communautés pulaar et hassanya se sont retrouvées ce 25 mai à Mbagne pour annoncer leur engagement de promouvoir et protéger les droits de l'homme et la santé des filles et des femmes. Avec leur décision, les 78 communautés ont ouvert un nouveau chapitre pour les femmes et les filles de la région.
Plus de 7 000 personnes se sont rassemblés sur la place de Mbagne pour une journée de célébration. Les communautés sont venues de partout dans la région pour participer à cet événement historique en présence de représentants gouvernementaux importants comme le Ministre des Affaires Sociales, l'Enfant et la Famille, des représentants de l’UNICEF et plusieurs autres organisations non gouvernementales.
En représentant la diversité ethnique des 78 villages, Majouhb Minti Oumar, l’un des apprenants Hassanya, Habisatou Seck, facilitatrice de Tostan en Pulaar de Mbagne et Bébé Diop, un apprenant Pulaar, ont lu la déclaration dans les langues hassanya, pulaar et le français. Des groupes de jeunesse ont marqué l’occasion avec de la musique, la danse et un croquis racontant l’histoire de leur décision d’abandonner ces pratiques néfastes.
Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS), 77,3% des femmes de la région de Brakna ont au moins une fille qui est excisée. Ainsi, la promesse de Mbagne est une étape important et sert à renforcer le Fatwa (un décret religieux) annoncé par les Imams nationaux de Mauritanie au début de 2010. En Mauritanie et dans d’autres pays musulmans, la pratique se justifie par la religion, cependant, l’Islam ne considère pas l’excision comme une obligation. A la suite, beaucoup d’autorités musulmanes ont dénoncé la pratique.
Depuis que Tostan a commencé en Avril 2007 à mettre en œuvre le Programme Renforcement des Capacités Communautaires (PRCC) en Mauritanie en partenariat avec l’UNICEF et le Ministère des affaires sociales, de l’enfance et de a famille (Masef), une trentaine de villages de Brakna ont participé directement au programme. En plus, Ces communautés ont sensibilisé 48 villages pour partager et discuter les sujets tels que les droits humains, la santé et l’hygiène, et les risques associés à l’excision et les mariages précoces/forcés, l’organisation des activités de sensibilisation, les réunions inter villageoises, et les débats. Cela fait partie de la stratégie de communication dirigée par la communauté que Tostan appelle « la diffusion organisée ».
La cérémonie d’abandon était également un échange symbolique de l’unité. Deux ethnies distinctes, hassaya et pulaar, se sont réunies dans un processus collaboratif pour l’organiser. Le groupe hassanya était responsable de l’organisation du panel de presse à Bouhdida qui a précédé la cérémonie d’abandon. De son côté le groupe pulaar a organisé les activités de la cérémonie d’abandon à Mbagne. Ce travail a unifié deux cultures qui, en vivant côte à côte, ont parfois une grande tension. L’évènement est devenu une décision commune qui transcende les différences, en démontrant l’importance des droits humains de rassembler les communautés vers un but commun et positive.
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