Publié en avril 2010 en France, “La Moitié du ciel” consacre le chapitre « S’attaquer aux racines du problème » à Tostan et à Molly Melching directrice exécutive.
Sorti en septembre 2009 aux Etats-Unis, ce best-seller international a remporté un succès exceptionnel. Il a été écrit par deux des meilleurs journalistes américains, grands reporters au New York Times, lauréats du Prix Pulitzer : Nicholas D.Kristof et Sheryl Wudunn. Ce livre raconte l’oppression que subissent de millions de femmes dans le monde et décrit le travail entrepris par certaines d’entre elles pour améliorer leur vie ainsi que le bien-être de leur famille et de leur communauté.
Dans le chapitre consacré à l’excision, les auteurs évoquent le travail de terrain mené par Tostan et les résultats inédits obtenus grâce à son programme d’éducation « qui replace [la pratique] dans le cadre plus vaste du développement communautaire ». En s’appuyant sur un discours respectueux, le programme de Tostan engage les villages à discuter des droits humains, de la démocratie, de la santé, de l’hygiène et facilite la formation des participants à l’alphabétisation, au microcrédit et à l’entreprenariat. En ne cherchant pas à convaincre les communautés d’abandonner l’excision mais en s’assurant qu’elles ont toutes les informations nécessaires pour en décider collectivement, Tostan a « réussi là où les conférences de l’ONU, les innombrables résolutions et les déclarations gouvernementales ont échoué ».
« Nous sommes arrivés à ce progrès car nous avons écouté attentivement les communautés et nous avons suivi leurs pistes » explique Molly Melching. « Aussi choquant que l’excision puisse paraître à certains, on a compris qu’elles ne suivent pas cette pratique dans le but de faire mal à leurs filles mais plutôt car elle est ancrée dans la culture, acceptée comme une norme par la communauté. Les parents perpétuent l'excision car ils aiment leurs filles et veulent qu’elles soient acceptées ».
Le livre insiste aussi sur le rôle important joué par le langage, et souligne le respect du programme de Tostan en faisant remarquer le refus d’utiliser l’expression « mutilation ». Les messages comportant des jugements de valeur ne favorisent pas le changement mais au contraire peuvent être contre-productifs et stimuler la résistance et la colère.
Comme l’ont montré Kristof et WuDunn, grâce à son travail avec les communautés, Tostan a compris la nécessité d’un abandon collectif et coordonné de la pratique pour que le changement de comportement soit durable. « Si une famille abandonne l’excision, elle serait stigmatisée, entraînant son exclusion de la communauté. Aucun parent ne souhaite une telle mort sociale pour sa fille » explique Molly Melching. « C’est pour cette raison que nous travaillons via les réseaux sociaux de façon à ce que les communautés discutent de la pratique pour parvenir à un consensus. Quand les communautés prennent la décision d’abandonner l’excision, elles l’annoncent publiquement, ce qui envoie un signal puissant à l’ensemble du groupe ».
Une évaluation de l’UNICEF et de Macro International publiée en Septembre 2008 atteste de résultats historiques, allant jusqu’à 77% d’abandon dans les zones évaluées. Le gouvernement du Sénégal a décidé d’intégrer entièrement ce modèle au sein de sa stratégie nationale d’abandon de l’excision. Tostan a annoncé récemment son ambition d’étendre son programme à 3000 nouvelles communautés d’ici 5 ans…
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