jeudi 22 avril 2010

PROTECTION DE L'ENFANT



Journée nationale des talibés : Comment améliorer les conditions d’existence dans les daaras

La journée nationale dédiée aux talibés, instituée par l’Etat du Sénégal en 1996 sur instruction de l’Unicef, est célébrée le 20 avril de chaque année. A Mbour, plusieurs structures intervenant dans le domaine de la protection des enfants ont célébré l’évènement. L’accent est mis sur la synergie des groupes pour mieux formaliser les daaras.

MBOUR - ‘Quelles conditions pour l’amélioration des conditions des talibés et des daaras ?’, tel est le thème de l’édition de cette année de la journée nationale des talibés. A Mbour, où plusieurs structures interviennent dans ce volet, l’événement a été marqué par une série de manifestations diverses, autour de la problématique des daaras. La cérémonie protocolaire qui a lieu à l’Ong ‘Sentinelles’, a regroupé autorités étatiques en charge de la question, responsables de daaras, autorités municipales, responsables de structures s’occupant des talibés et naturellement les talibés venus de différentes structures.


Au-delà des discours et des bilans dans la croisade contre les maux qui gangrènent la condition des talibés, une forte volonté s’est dégagée en faveur de la synergie des actions pour la recherche de solutions durables en vue de l’existence de daaras formels, par conséquent de l’amélioration des conditions d’existence des talibés. ‘On a vu proliférer du jour au lendemain les daaras, surtout dans les zones où l’on note le plus de maisons inachevées. Des soit-disant marabouts, profitant de la crédulité de certains Sénégalais prompts à donner l’aumône à tout bout de champ, trouvent le moyen de s’enrichir indûment en envoyant des gamins mendier toute la journée plutôt que de leur apprendre le Coran. Ceci reflète une mauvaise image des daaras’, s’indigne Oustaz Cheikh Tidiane Wade, responsable d’un daara moderne à Mballing. Selon lui, l’Etat ne s’est pas suffisamment investi pour accompagner les daaras à réussir leur mission. Le concept des daaras modernes n’est pas bien mis en œuvre car, fait-il remarquer, le projet se limite aux grandes villes religieuses, siège des confréries. Il pense aussi qu’un accent particulier devrait être mis sur la scolarisation des talibés, citant sa propre expérience, car souligne-t-il, si les talibés sont scolarisés, ils pourront valablement participer à la vie socio-économique du pays. Il lancera ainsi un appel à tous les maîtres coraniques à aller dans ce sens.
Un appel qui trouve du répondant chez le coordonnateur du programme de protection de l’enfant de l’Ong Tostan qui estime qu’il faut, avant tout, une synergie dans les interventions. ‘Nous avons une volonté de créer une synergie d’actions. Ce que nous avons initié depuis deux à trois mois, c’est de regrouper les associations, les Ong et autres, les mettre en relation avec les autorités administratives, les communautés, les maîtres coraniques. Ce qu’on veut, c’est une synergie entre ces quatre pôles pour qu’on mette nos forces ensemble pour voir quelle stratégie adopter afin de venir en aide aux talibés mendiants’, a indiqué Chérif Mohamed Diop. ’On s’est tellement investi qu’on s’est rendu compte à partir de ce moment, qu’aucune organisation prise individuellement ne peut régler le problème des talibés. Si on se dit la vérité et si on cherche des solutions définitives, il faut mettre nos forces ensemble, trouver des voies de sortie et les proposer au gouvernement qui les met en pratique’, a-t-il ajouté. ’Aujourd’hui, heureusement que l’Inspection des daaras a été mise en place. Par conséquent, tout ce nous allons avoir comme expérience, comme acquis sur le terrain, nous allons le mettre à la disposition de cette inspection qui va se charger de mettre en pratique le programme, en collaboration naturellement avec les organisations qui sont à la base. C’est ça notre approche’, poursuit M. Diop.
L’édition de cette année, quoique riche en activités et par la qualité des interventions sur le thème, a connu une fausse note car toutes les structures n’ont pas été associées, au grand dam de Bigué Ndao, surnommée ‘la mère des talibés’, dont l’association qu’elle dirige dénommée ‘Havre de paix pour les talibés’ n’a pas pris part aux festivités en dépit d’une présence depuis 2003. ‘Nous avons estimé ne pas y participer, car tout a été décidé par un petit groupe sans recueillir notre avis, foulant au pied la dignité de ceux-là qui étaient à l’origine de la première célébration de cette journée à Mbour, il y a deux ans, par une marche qui est restée gravée dans les mémoires. Notre dignité a été bafouée et cette conspiration, nous ne la comprenons pas du tout’, s’indigne notre interlocutrice.
Pape Mbar FAYE

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