mardi 23 mars 2010

JOURNEE DE LA FEMME



Une célébration à la maison d’arrêt pour femmes

DAKAR, Sénégal 8 Mars 2010 - Il y a environ 100 femmes détenues dans la maison d’arrêt et de correction des femmes. Mais le lundi 8 Mars, la cour de la prison était plutôt occupé par des filles, des sœurs, et des mères. Durant la journée de la femme, Tostan, à travers le Projet Prison, a mis en place une animation musicale, fourni à manger et à boire, et a organisé des spectacles. La fête était à l’honneur de ces femmes qui, grâce au programme de renforcement des capacités communautaires (PRCC) de Tostan, ont pris leur avenir en mains.

Actuellement, une cinquantaine de femmes dans la prison ont choisi de s’engager dans le PRCC qui s’étale sur trois ans et comprends des cours d’éducation non-formelle sur les droits humains, la démocratie, l’alphabétisation, et le calcul.

Le Projet Prison de Tostan, qui ne se limite pas aux établissements pénitenciers pour femmes a été mis en place dans d’autres prisons à Thiès, Dakar, et Rufisque depuis 2003 et est dirigé par quatre facilitateurs et un superviseur en l’occurrence Aïssatou Kébé. Cette dernière a expliqué qu’avant le programme, les femmes de la prison de Dakar ne partageaient pas. Par conséquent, beaucoup d’entre elles ne mangeaient pas et se battaient constamment pour de la nourriture. L’éducation aux droits humains a introduit plus qu’un système d’éducation dans la prison, il a apporté une atmosphère d’harmonie et de coopération.

Diarra Fall, une participante du PRCC avec des grands yeux et un sourire enchanteur, a dit que l’apprentissage des droits de l’homme permet aux individus de devenir plus conscients de la façon d’agir dans la société. Elle a rejoint le programme de Tostan en 2007 parce qu’elle voulait apprendre à lire et à écrire. Beaucoup de femmes ne savent pas comment tenir un stylo quand elles arrivent en prison.

Une combinaison dévastatrice de la pauvreté et du manque d’éducation sont les raisons pour lesquelles une majorité de ces femmes sont incarcérés. 90% des détenus ont commis un infanticide (le meurtre intentionnel d’un enfant). Ce crime est souvent commis à cause de facteurs économiques et culturels qui laissent les nouvelles mères avec peu d’options. Tout en discutant de ce qu’elles ont appris du PRCC, Diarra Fall a expliqué qu’elle comprend maintenant que les enfants ont des droits, en particulier le droit de vivre dans une famille qui les aime.

Le programme de Tostan change les perspectives sur le présent et en même temps crée un avenir prometteur pour les participants. Diarra Fall voudrait apprendre comment gérer son argent et avoir sa propre entreprise de fabrication et la vente des tissus teints, une affaire lucrative au Sénégal. Bien que similaire au PRCC qui est mis en œuvre dans des villages du Sénégal- et Afrique de l’Ouest et l’Est- le programme de Tostan comprennent une formation professionnelle. Ces compétences et ces nouvelles capacités permettent aux femmes de réintégrer la société à la fin de leurs peines de prison. Les participants apprennent à teindre le tissu, faire de l’eau de Javel, coudre des vêtements, coiffer, jardiner. Tostan aide les femmes à monter des projets de micro crédit à la sortie de prison avec l’argent provenant de la vente de leurs réalisations.


Au-delà d’aider à préparer les participants financièrement à la vie hors de la prison, Tostan assure aussi la médiation pour les détenus et leurs familles. Les cinq membres du personnel de Tostan qui dirigent le projet sont personnellement liés à leur travail et ils aident les détenus à se réinsérer dans la société. Ils aident les détenues et leurs familles émotionnellement en voyagent à travers le pays. En ce sens, ils rencontrent les familles de chaque détenu dans une tentative de rendre la transition vers le retour à la vie familiale une possibilité.
Pendant la célébration le lundi, les femmes dans la prison de Dakar ont fait un sketch pour le public dont le thème a ressorti la douleur et la honte ressenties par beaucoup de femmes qui tentent de retourner dans leurs familles. Certains des acteurs ont commencé à pleurer, tout comme certains membres du personnel de Tostan. Leurs liens sont tels que qu’ils restent en contact avec d’anciens détenus après qu’ils eurent fini leur peine de prison. L’amitié entre la facilitatrice de Tostan Fatou Faye et Diarra Fall en est une preuve. Cette dernière espère maintenant devenir une facilitatrice pour Tostan et aider d’autres femmes incarcérées. « C’est un grand jour pour toutes les femmes », a-t-elle dit à propos des festivités lors de cette journée de la femme. Et d’ajouter, « c’est une journée pour les femmes pour savoir ce qu’elles valent. Ce qu’un homme peut faire, une femme peut le faire et c’est bon d’être conscient de ce fait. »


Au cœur de l’évènement


Alors que les célébrations ont eu lieu dans une cour de la prison, l’atmosphère était celle d’une réunion de famille. Les femmes ont remercié sincèrement le Directeur de la prison ainsi que Tostan. Bien que le programme ait eu des effets positifs, un manque de fonds rend l’extension du programme vers les autres prisons du Sénégal impossible, malgré les demandes répétées des Directeurs de prison. Malheureusement, le PRCC actuellement exécuté dans les prisions arrivent à termes dans sept mois si de nouveaux fonds ne sont pas trouvés. Une pensée sur la réduction imminente de financement n’altère en rien l’enthousiasme du superviseur Aïssatou Kébé. D’ailleurs son objectif est que tous les participants aient un mode de vie durable dans la société et qu’elles ne reviennent jamais en prison.

Sous le soleil de l’après-midi, un batteur jouait un rythme doux et un chanteur prenait la parole en expliquant au public le caractère poétique de la journée. Ce jour là était une occasion pour célébrer la force des femmes et leurs efforts dans l’amélioration de la vie pour elles-mêmes et pour leurs familles. Une femme détenue vêtue d’une robe rose et les boucles d’oreilles en or brillant a pris le micro et a parle à ses camarades femmes en ces termes : « vous êtes les baobabs, les gens doivent s’agenouiller devant vous. Je vous remercie les femmes. Vous êtes tout. »

Sydney SKOV

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